Des
récents rapports réalisés par la Deutsche Bank et Goldman Sachs indiquent que
la main d'oeuvre chinois pourrait commencer à diminuer plus tôt que prévu.
Selon l'analyse de la banque allemande, le pourcentage de Chinois en âge de
travailler (15 à 64 ans) atteindra un sommet autour 2010 avec 72,2%. Au cours des 40 années à venir, ce nombre
diminuera de façon constante pour atteindre 60,7% selon des prévisions de
l’ONU. La baisse rapide est due en grande partie à la politique de l’enfant
unique instaurée en Chine en 1979. En
outre, beaucoup de Chinois arrêtent de travailler avant d’avoir 64 ans. Ainsi
l’âge moyen de la retraite en Chine est 50 ans pour la plupart des femmes et de
60 ans pour les hommes.
Il
y a deux raisons qui font craindre que ce phénomène impacte les performances
économiques de la Chine. D'abord, la croissance économique explosive du pays au
cours de ces dernières années est due en grande partie au faible coût de sa
main d'oeuvre. Quand la population des
personnes en âge de travailler commencera à baisser dans 5 ans, nous pourrions
assister également à une baisse des investissements internationaux.
En
second lieu, d'ici 2050, il y aura 10 ouvriers chinois pour soutenir sept
Chinois qui seront trop jeunes ou trop vieux pour travailler, selon Goldman
Sachs. De plus cette projection est
fondée sur l'hypothèse optimiste que le gouvernement réussisse à persuader ses
citoyens de travailler jusqu'à l’âge de 64 ans. L'étude de banque allemande parle d’une alerte du Fond Monétaire
International qui indique que la transition du système actuel de pension à un
plus soutenable pourrait coûter à la Chine 100 milliards de dollars sans prendre en compte les coûts financiers des
gouvernements locaux.
La
population vieillit dans beaucoup de pays occidents mais ces états sont déjà
dits riches. Ce sera beaucoup plus
difficile sur le plan économique pour la Chine, où la moyenne des revenus par
habitant demeure une fraction de ceux des états développés. En plus, il faudra ajouter les coûts liés à
la santé. Personne ne peut prévoir avec
certitude ce que coûtera à la Chine de prendre soin de 265 millions de
personnes qui auront plus de 65 ans. La période la plus critique arrivera dans
plus de 15 ans, mais les dernières études indiquent que la baisse de la
main-d'œuvre chinoise commencera vers
la fin de cette décennie.
De
plus, en raison du développement de l'économie de la Chine (et c’est une bonne
chose), nous assistons également à
l’augmentation du malaise social dans le pays. Le nombre de ce que le
gouvernement chinois appelle "des incidents de groupes" a augmenté
d’environ 10% par an depuis une décennie. En 2004, ce nombre a atteint 74.000 et a fait participer environ 3,7
millions de personnes, selon le ministre chinois en charge de la sécurité. Cela
représente plus de 200 manifestations par jour, faisant participer une moyenne
de 50 personnes.
Le
problème démographique croissant de la Chine pourrait persuader certains
investisseurs étrangers - déjà inquiets du système politique opaque et
autoritaire et des protestations de plus en plus nombreuses – à préférer
d’autres pays.
Une partie de cet investissement ira probablement vers l'Inde, pays qui se trouve – pour le moment - dans l'ombre « médiatique » de la Chine. La démocratie de l'Inde, la transparence relative de son système politique et son engagement dans des réformes fiscales pourraient inciter les investisseurs à choisir l’Inde plutôt que la Chine. De plus sur le plan démographique, l’Inde se « porte » mieux. La main d'oeuvre de l'Inde continuera à se développer pendant plusieurs décennies et dépassera probablement celle de la Chine d'ici 2040. Ainsi, il y a bonne raison de croire que l'Inde sera le pays des investissements à plus long terme.
Frédéric Serrière
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